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LES 90 ANS DE L’ARMÉE DE L’AIR ET DE L’ESPACE

Innovatoire

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Sommaire

LE PLUS GRAND ÉVÈNEMENT ORGANISÉ AU CHÂTEAU DE VERSAILLES

UN TÉMOIGNAGE DE FRANÇOIS BONIN

PRÉSIDENT DE L’AGENCE ABSOLUTE EVENT

Les 27-28 juin derniers, la célébration des 90 ans de l’Armée de l’Air et de l’Espace a eu lieu dans le cadre prestigieux du Château de Versailles[1]. Il s’agit du plus grand évènement jamais organisé en ce lieu historique. Il s’est déployé dans une pluralité de registres : demonstration aérienne, grandes eaux nocturnes, spectacle de drones, show pyrotechnique, forum, conférences, dîner de prestige, avec un traitement différencié des publics. Ce fut un gros succès. Les 20.000 places mises en vente par le Château sont parties en quelques heures. Des invités de haut rang, tant civils que militaires, ont pu admirer le ballet simultané des chasseurs d’hier et des Rafales d’aujourd’hui[2].

François Bonin a été au coeur de l’organisation de cet évènement hors norme. Expert en développement et conduite de stratégies événementielles pour les entreprises, spécialiste du pilotage de projets d’inaugurations et d’anniversaires professionnels, il a bien voulu rédiger un texte pour L’Innovatoire, sur les conditions dans lesquelles a pu s’opérer une co-construction d’une telle ampleur entre une agence spécialisée, l’Armée et le Château de Versailles, sur les spécificités d’une telle manifestation, les difficultés qu’il a fallu surmonter, les solutions innovantes mises en œuvre, les émotions ressenties.

François Bonin et Thomas Pesquet

28 juin 2024 – 23h20 : le Château de Versailles s’élève dans toute sa magnificence, dominant majestueusement les jardins parfaitement entretenus où les nombreuses fontaines sont sublimées par le jeu des lumières et le talent des artistes venus animer les « Grandes Eaux de Versailles ». Ces derniers, avec minutie et dévouement, redonnent tout leur éclat au célèbre évènement, un spectacle devenu emblématique des soirées estivales versaillaises. Ce soir, l’attente est toute particulière : un feu d’artifice exceptionnel, accompagné d’un spectacle de drones, viendra couronner les célébrations des 90 ans de l’Armée de l’Air et de l’Espace. Le public, rassemblé dans les jardins, attend avec impatience cet instant unique. L’excitation monte parmi les 20 000 spectateurs, et chaque minute qui passe renforce l’anticipation collective. Dans la chaleur enveloppante de cette soirée, alors que le Château semble s’endormir, je me retrouve seul, traversant les appartements de la Reine plongés dans la pénombre. L’écho de mes pas résonne dans les couloirs vides, me conduisant vers la Galerie des Glaces, ce sanctuaire de lumière et d’histoire. Les fantômes des siècles passés semblent m’accompagner, et le parquet ancien grince doucement sous mes pieds, rompant le silence solennel de ce lieu sacré. À travers les fenêtres entrouvertes, les notes aériennes de Vivaldi se mêlent au bourdonnement lointain de la foule. Versailles est un portail vers le passé, où chaque évènement s’inscrit dans une continuité historique.

Je me trouve en avant-garde d’une procession prestigieuse : 350 invités VIP, tout juste sortis du somptueux dîner de gala qui s’est tenu dans la majestueuse Galerie des Batailles. Mon rôle ce soir est de les accueillir dans la célèbre Galerie des Glaces. Je dois y retrouver mon ami Romain Béthoux, une figure incontournable de l’Armée de l’Air et de l’Espace. Leader de la Patrouille de France en 2015, Colonel attaché au cabinet du Chef d’État-major de l’Armée de l’Air, Romain est l’homme à qui a été confiée la mission stratégique de piloter les célébrations de cet anniversaire. Son expertise, son sang-froid et son sens de l’organisation sont reconnus et respectés par tous.

Cette mission, je la partage avec lui, fort de notre expérience commune sur de nombreux évènements d’envergure. Ensemble, nous avons orchestré deux congrès nationaux des pilotes de chasse, construit une importante réunion entre chefs d’État-majors européens, et collaboré avec la légendaire Patrouille de France sur des projets d’envergure. Ce soir, l’enjeu est immense, mais la confiance qui nous unit est la clé de notre succès. L’occasion est aussi personnelle : dans cette galerie dorée à la splendeur inégalée, nous avons fait une promesse – celle de trinquer ensemble à la réussite de notre mission. Alors que Romain s’avance vers moi, une coupe de champagne à la main, je sais que cet instant scelle une collaboration fructueuse et une amitié forgée dans l’exigence et l’excellence. Ne dit-on pas que le succès d’une mission repose autant sur les liens de confiance tissés dans l’adversité que sur les simples compétences ?

L’organisation d’un évènement d’une telle envergure est une chorégraphie invisible, où chaque mouvement compte. Les festivités en l’honneur des 90 ans de l’Armée de l’Air et de l’Espace se sont déroulées sur deux journées, riches en évènements et en émotions. Chacune des séquences a été soigneusement orchestrée, avec un public réparti en groupes distincts, chacun portant le nom de pilotes légendaires. Le groupe Guynemer rassemblait le personnel de l’armée, tandis que le groupe Closterman réunissait les invités VIP. Le groupe Saint-Exupéry quant à lui, regroupait les chefs d’État-major, les autorités politiques, et les grands patrons des industries liées à l’aéronautique. En parallèle, d’autres groupes spécifiques ont été intégrés à cette organisation complexe, notamment « Les Ailes Brisées », une association regroupant les anciens combattants et les blessés de l’armée de l’Air, ainsi que des astronautes français, tels que Thomas Pesquet, Jean-Loup Chrétien, Michel Tognini, Jean-Pierre et Claudie Haigneré.

Cette organisation minutieuse a permis d’atteindre les objectifs visés pour chacun des groupes tout en offrant un programme diversifié et cohérent. Chaque groupe bénéficiait d’un parcours personnalisé, mêlant histoire, innovation et moments de partage. Cet équilibre subtil entre cérémonial militaire et célébration festive a permis de créer une alchimie unique, où chaque invité a pu vivre une expérience inoubliable, adaptée à son rôle et à son statut.

Dès les prémices de l’organisation, le choix du lieu pour ces célébrations a été déterminant. Choisir un lieu, c’est donner un sens profond à l’évènement, et Versailles est le symbole ultime de l’alliance entre histoire et modernité. Versailles n’est pas seulement un décor ; c’est un acteur à part entière de la mémoire collective. Ce joyau du patrimoine français, s’est imposé naturellement. Non seulement pour sa notoriété mondiale et son prestige historique, mais aussi pour son lien profond avec l’histoire de l’aviation. C’est en effet dans les petites écuries du château que fut fondée la première école de l’Air en 1933. De plus, le château de Versailles est associé aux premières expérimentations aériennes, avec les célèbres vols de montgolfières en 1783. Ce lieu, chargé d’histoire, résonnait donc parfaitement avec l’esprit de l’évènement, alliant passé et avenir, tradition et modernité.

La communication autour de cet évènement devait donc s’ancrer dans cette symbolique forte : mettre en lumière l’origine historique des premiers vols, tout en célébrant l’audace et l’innovation qui ont façonné l’armée de l’Air au fil des décennies. Versailles, par son aura, offrait un cadre exceptionnel pour souligner cette continuité entre le passé et le présent, entre le courage des pionniers de l’aviation et l’excellence des pilotes contemporains.

Coordonner les flux d’un événement, c’est jongler entre rigueur et adaptabilité pour préserver la fluidité du déroulement. Pour un événement d’une telle envergure, la logistique devait être irréprochable. Pas moins de 13 zones distinctes ont été intégrées dans le plan global, chacune dédiée à une séquence spécifique. Des lieux emblématiques tels que l’hôtel Novotel Tour Eiffel, le restaurant « Madame Brasserie » au premier étage de la Tour Eiffel, et bien sûr, le Palais des Congrès de Versailles, ont été mobilisés pour accueillir les différentes étapes de la célébration. Chaque lieu a été soigneusement sélectionné pour répondre aux exigences de l’événement, que ce soit pour les expositions, les conférences, le spectacle ou les moments de détente.

La complexité de la gestion des flux a nécessité la mise en place d’une double sécurité, alliant technologie et approche humaine. Des bracelets identifiés et des QR codes ont été distribués en fonction des lieux, des heures et des jours, afin d’assurer une fluidité dans les déplacements des invités. Parallèlement, des passes spéciaux étaient attribués aux équipes d’organisation, aux prestataires techniques, et aux services de sécurité. Le véritable défi était que cette logistique se superposait à celle déjà en place au Château de Versailles, où près de 1.500 personnes travaillent quotidiennement pour accueillir les milliers de visiteurs habituels. Forte de son expérience, l’équipe du Château de Versailles, représentée par Sébastien Zimermann, Antoine Roucher, Laurent Brunner et Catherine Clément à été un partenaire clé pour assurer la fluidité des déplacements et garantir la sécurité de tous.

La sécurité est la pierre angulaire de tout grand événement . Sans elle, l’audace recherchée devient imprudence… Le contexte politique et sécuritaire actuel a ajouté une dimension supplémentaire à la complexité de l’organisation de cet événement. Le plan Vigipirate, la qualité des invités étrangers, la manipulation d’armes à feu lors de la cérémonie militaire, ainsi que la présence de 20.000 visiteurs à Versailles pour les « Grandes Eaux », ont propulsé cet évènement dans la catégorie des rassemblements à hauts risques. Pour garantir la sécurité de tous, une coordination minutieuse entre les différents services de sécurité a été indispensable. Gendarmerie de l’Air, police nationale, services médicaux, unités spéciales et sécurité privée ont collaboré étroitement pour assurer la protection des participants.

La venue potentielle du Président de la République a ajouté une dimension supplémentaire à la préparation sécuritaire. Bien que son agenda bouleversé ne lui ait pas permis d’assister à l’événement, une reconnaissance approfondie a été effectuée avec les équipes de l’Élysée pour envisager différents scénarios en cas de présence présidentielle.

Les partenaires de l’événement ont bénéficié d’espaces d’exposition au Palais des Congrès de Versailles, où la surface allouée dépendait de leur niveau d’engagement financier. Réparti sur quatre étages et doté d’un amphithéâtre privatisé pour l’occasion, le Palais offrait de nombreuses possibilités. Cependant, la création d’un plan d’exposition cohérent, qui permettrait à chacun d’optimiser sa visibilité, s’est révélée être un défi de taille. De nombreuses discussions très diplomatiques avec les partenaires ont été nécessaires, notamment pour leur expliquer que le site n’était pas initialement conçu pour accueillir un important salon professionnel. Par conséquent, toutes les demandes d’exposition, qu’il s’agisse de maquettes d’avions géantes, de satellites ou de missiles, n’ont pu être satisfaites, en particulier dans les salons aux parquets précieux…

Afin de faciliter le parcours des visiteurs, des thématiques ont été réparties par étage, regroupant les industriels et les associations selon leurs domaines d’activité : Innovation, Histoire, Industries, Métiers, et autres sous-thèmes. À l’extérieur, face au Château, le grand public pouvait admirer un Alphajet de la Patrouille de France, un Mirage 2000, tester des simulateurs de vol, visiter une boutique éphémère ou obtenir des informations sur l’Armée de l’Air et de l’Espace. C’était également l’endroit idéal pour rencontrer les pilotes, comme ceux de la Patrouille de France ou du Rafale, ainsi que les astronautes (Thomas Pesquet, Arnaud Prost, Michel Tognini), et repartir avec photos et dédicaces.

L’amphithéâtre du Palais des Congrès a quant à lui accueilli une riche programmation, favorisant les échanges entre les participants. Organiser un événement de ce type, c’est aussi orchestrer la rencontre de visions multiples : des conférences sur l’histoire de l’aviation, un débat avec la Patrouille de France, une table ronde d’astronautes, et des remises de prix, comme le concours « Bourse Espace », ont marqué cet événement. Le séminaire à huis clos des chefs d’état-major alliés de la France, suivi d’une table ronde, constituait l’un des temps forts du programme.

L’un des aspects les plus marquants de cet événement résidait dans son cadre exceptionnel. Versailles, avec son aura intemporelle, ouvre un passage vers l’Histoire de France, un lieu où l’on ne peut rester indifférent. Dans les lieux où l’histoire respire à travers chaque pierre, les moments présents s’imprègnent d’un éclat particulier. Chaque invité a eu la chance de ressentir cette grandeur et cette émotion à travers le programme qui leur était proposé. Les chefs d’état-major, en particulier, ont bénéficié de moments privilégiés : un concert d’orgue, interprété par Jean-Loup Chrétien dans la chapelle royale confidentielle, suivi d’une traversée des damiers de la cour du Roi pour admirer un défilé aérien impressionnant, couronné par une démonstration (première à Versailles !) du Rafale et clôturé par un show exceptionnel de la patrouille de France.

Après ce spectacle unique, les invités de prestige ont rejoint la Galerie des Batailles, empruntant les appartements royaux, pour partager un dîner de prestige minutieusement préparé par la maison Kaspia, traiteur choisi pour l’occasion. Enfin, le privilège ultime (exceptionnellement autorisé) leur a été accordé : prendre une coupe de champagne dans la Galerie des Glaces pour contempler le feu d’artifice et le spectacle de drones, spécialement conçus pour l’anniversaire des 90 ans de l’Armée de l’Air, par le collectif artistique Group F.

Les autres invités n’ont cependant pas été en reste. Les 5.000 aviateurs présents ont été chaleureusement accueillis avec des cadeaux personnalisés et ont pu assister au défilé aérien et au spectacle des « Grandes Eaux de Versailles », avant de savourer l’époustouflant feu d’artifice venant magnifier les tableaux pyrotechniques formés par les drones. Quant aux 1.500 VIP invités de l’AAE, avant de profiter également du spectacle, ils ont été conviés à un cocktail prestigieux dans les jardins de l’Orangerie, accompagnés par des airs de jazz joués par l’orchestre de l’Armée de l’Air.

L’honneur et le succès ne se mesurent pas seulement à travers la victoire, mais aussi par les sacrifices consentis et les efforts déployés. Après 23 ans à la tête d’Absolute Event, jamais je n’avais affronté une telle complexité dans la réalisation d’un événement, ni ressenti une intensité émotionnelle aussi forte tout au long du processus. La diversité des publics, la superposition des séquences de production, et le prestige des lieux ont constitué un immense puzzle à assembler. Chaque groupe d’invités avait ses propres attentes, ses besoins spécifiques, et son rôle à jouer dans la mise en scène globale de l’événement. Il ne s’agissait pas simplement de coordonner des activités, mais de tisser une trame narrative fluide et cohérente, où chaque séquence devait s’enchaîner parfaitement, sans heurts ni retards. Nous étions les seuls à posséder la vision d’ensemble, cette perspective globale qui nous permettait de naviguer entre les complexités logistiques, les exigences des différents participants et la richesse symbolique des lieux. Ce privilège, bien qu’exaltant, avait aussi un poids ; l’immense responsabilité de garantir que tout s’articule comme prévu créait une pression constante, parfois écrasante. Mais cette pression était aussi une source de motivation, une force qui nous poussait à l’excellence à chaque instant.

Au delà de la difficulté technique, le plus fascinant dans cette aventure a été l’expérience humaine vécue aux côtés des équipes de Versailles et de l’Armée de l’Air et de l’Espace. En ce qui concerne Versailles, travailler dans un cadre aussi prestigieux, aux côtés de professionnels ayant une expertise profondément ancrée dans la gestion du patrimoine historique, a été une véritable leçon. Les logiques de fonctionnement à Versailles, en tant que monument historique de renommée mondiale, étaient radicalement différentes de celles que nous avions l’habitude de rencontrer dans le milieu événementiel. D’abord déstabilisé par cette différence, j’ai progressivement appris à comprendre leurs contraintes uniques : respecter l’intégrité des lieux, gérer la protection des œuvres, tout en assurant l’accueil de milliers de visiteurs quotidiennement. Cela demandait une grande finesse et une gestion pointue des flux, mêlant traditions séculaires et technologies modernes. Au fil du temps, j’ai non seulement intégré ces nouvelles dynamiques, mais j’en suis venu à admirer la précision et la rigueur avec laquelle les équipes culturelles opéraient. Organiser un événement dans un monument historique de cette envergure, en adaptant l’événementiel à une activité colossale et continue, exigeait des compétences hors du commun, ainsi qu’une compréhension fine des multiples contraintes liées à la préservation d’un patrimoine aussi précieux.

En ce qui concerne l’Armée de l’Air, pénétrer dans les rouages d’un état-major a été une expérience tout aussi rare et précieuse. C’est un système complexe, où la gestion événementielle n’est pas une priorité naturelle, car l’objectif premier reste la défense nationale et la sécurité du pays. La mécanique décisionnelle de cette institution, bien que parfois rigide, obéit à des logiques de hiérarchie, de protocole et de sécurité qui peuvent sembler, de prime abord, peu compatibles avec la flexibilité requise pour l’organisation d’un grand événement. Pourtant, il y avait là une grande leçon à apprendre. S’appuyer sur les forces intrinsèques de ce système – sa rigueur, sa discipline, sa capacité à anticiper et à gérer les crises – tout en trouvant des solutions pour contourner ou atténuer ses faiblesses, a été un défi passionnant. J’ai appris à naviguer dans cet environnement, à reconnaître les impératifs sécuritaires et stratégiques tout en veillant à préserver les besoins opérationnels de l’événement. Cette expérience m’a montré qu’au-delà des différences entre ces mondes, il existe toujours un terrain d’entente possible, où la collaboration entre des logiques divergentes peut non seulement réussir, mais enrichir profondément la portée de l’événement.

Ce mélange fascinant de traditions anciennes et d’innovations contemporaines, d’exigences patrimoniales et de logiques militaires, a enrichi ma vision du métier. Au-delà de l’événement en lui-même, cette aventure m’a rappelé que l’organisation est avant tout une affaire de relations humaines, d’écoute et d’adaptation aux divers univers avec lesquels nous collaborons. En fin de compte, ce sont ces expériences uniques qui marquent le plus et qui laissent une empreinte indélébile, bien au-delà des challenges techniques. Chaque événement que l’on façonne avec passion est une œuvre unique. Les moments les plus marquants resteront gravés dans ma mémoire : le passage de la Patrouille de France au-dessus des Petites Écuries, la Marseillaise a cappella, le discours solennel du chef d’état-major dans la Galerie des Batailles, le spectacle de drones depuis la Galerie des Glaces, et enfin, l’insigne des chevrons de la Chasse que je porte aujourd’hui avec fierté. Bien plus qu’une simple célébration, les 90 ans furent un moment de communion avec l’histoire, la culture et l’excellence.



Trois questions au général Stéphane MILLE,
ancien Chef d’état-major de l’Armée de l’Air et de l’Espace de 2021 à 2024


Comment vous est venue l’idée d’organiser pour célébrer les 90 ans de l’Armée de l’Air et de l’Espace un évènement au Château de Versailles ?

Très tôt après ma prise de fonction en 2021, je me suis posé la question des 90 ans de l’AAE. Je me suis dit que cet anniversaire gagnerait dans toutes ses dimensions, à la fois solennelle, historique, et comme promesse d’avenir, s’il avait lieu aux fontaines de nos racines. Or, comme vous le savez probablement, de par ses liens historiques avec la cavalerie, fournissant nombre d’aviateurs et traditions dès ses origines, le centre d’études de l’aéronautique, élaboré à l’issue de la Grande Guerre, prenait ses quartiers à Versailles alors que l’Ecole de l’Air s’installait elle-aussi aux Petites Ecuries. 90 ans ont passé, il était temps de revenir à la maison !


Quelles étaient vos attentes relatives à cet évènement ?

Mes attentes étaient de plusieurs ordres. Tout d’abord, je voulais rendre hommage à notre histoire en y mêlant de la modernité. Je voulais par la même occasion entretenir l’ardeur dans les rangs et souffler le vent de l’esprit de l’aviateur aux jeunes générations. Ces deux jours de commémorations populaires visaient également à mettre en avant l’audace de notre communauté et son engagement au service des Français. Les diverses expositions et conférences au Palais des Congrès en étaient la traduction.
Par ailleurs, un anniversaire est un moment de communion, qui, pour être complet, doit se célébrer avec tous les membres d’une même famille. Je devais donc penser à l’ensemble des personnels de l’AAE mais aussi aux armées de l’air alliées et partenaires de la France avec lesquelles nous sommes amenés à échanger, à nous entrainer, à agir ensemble, et parfois à combattre côte à côte. Avec elles, nous construisons l’avenir, fidèles à un idéal, celui d’une puissance aérienne au service de la liberté et des valeurs qui nous sont chères. Ainsi, j’intégrais aux 90 ans, le séminaire des chefs d’états-majors auquel 52 nations ont répondu présentes.
Ce pari de combiner plusieurs évènements en un seul était ambitieux, et nous l’avons relevé avec brio, j’en suis fier. Il suffisait d’observer les prunelles des aviateurs dans les rangs lors de la cérémonie, imbibées de fierté, celles intéressées et respectueuses des visiteurs au Palais des Congrès ou sur l’esplanade du château, et bien sûr celles émerveillées et joyeuses des enfants et de leur famille dans les jardins lors les démonstrations aériennes, pour comprendre que nous vivions un moment unique, à la fois plein de sens et de lumière.


Êtes vous engagés dans la préparation d’autres grands évènements qui auront lieu prochainement ?

Avant de répondre à votre question, je tiens à rappeler que notre armée est avant tout une armée opérationnelle et engagée. Les évènements de rayonnement ou de célébrations constituent bien évidemment une partie de son activité, mais ne remettent pas en cause l’activité principale de l’AAE.
Deux événements commémoratifs majeurs sont inscrits dans l’agenda 2024. Versailles et les 90 ans dont nous avons déjà parlé, mais aussi les 60 ans de la création des Forces Aériennes Stratégiques et de la première prise d’alerte nucléaire avec une
journée portes ouvertes à Istres et un évènement symbolique à Colombey. Pour 2025 ce que je peux vous dire, c’est que l’année sera l’occasion de célébrer les 80 ans de la victoire. Les aviateurs prendront toute leur part dans ces commémorations pour honorer leurs aïeux qui ont combattu en 1945, que ce soient ceux des Forces Armées de la France Libre, ceux des groupements lourds, ou bien ceux qui ont donné naissance à la défense aérienne qui protège depuis lors et sans discontinuité le ciel français.

[1] Cf. https://www.defense.gouv.fr/air/tous-nos-dossiers/90-ans-larmee-lair-lespace-versailles.

[2] Cf. https://www.youtube.com/watch?v=DP432kCAeD8 et https://www.lesechos.fr/pme-regions/ile-de-france/aviation-larmee-de-lair-a-fete-90-ans-dinnovations-au-chateau-de-versailles-2105298.

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L'Innovatoire est une plate-forme digitale des tendances de l'univers des Salons et de l'Evènement. Elle vise à croiser les regards, les expertises, et visions qu'ils soient sociaux, spatiaux, technologiques, ou encore économiques. C'est bien l'intelligence collective générée par cette multitude de prises de positions qui constitue l'ADN de l'Innovatoire.

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