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L’Olympique Lyonnais, sur le terrain de l’engagement

Maëlle Trarieux

Maëlle Trarieux

Directrice RSE de l’Olympique Lyonnais

Sommaire

– Un acteur comme L’Olympique Lyonnais doit jouer un rôle de sensibilisation en touchant les parties prenantes et en essayant de faire passer des messages importants comme l’égalité des chances, la lutte contre la précarité, la réduction de l’impact environnemental.
– La pédagogie, la transparence, l’écoute et le volontarisme sont des valeurs importantes et nécessaires pour transmettre des idées et embarquer les collaborateurs dans les démarches RSE qui sont parfois en confrontation avec des pratiques internes historiques.
– Beaucoup d’initiatives à mettre en place aujourd’hui nécessitent de faire adhérer les supporters à cette vision puis d’en faire des ambassadeurs du changement. Les joueurs et joueuses sont des leviers importants pour accomplir cet objectif de mobilisation générale.

L’équipe de L’Innovatoire a rencontré Maëlle Trarieux, Directrice RSE du Groupe Olympique Lyonnais. Entre stratégie progressive, pédagogie, communication transparente et futurs projets pour la fondation, Maëlle nous présente les piliers de la stratégie RSE mise en place pour sensibiliser tout l’écosystème du club.

Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Je m’appelle Maëlle Trarieux et cela fait bientôt six ans que je travaille à Olympique Lyonnais en tant que Directrice RSE de l’OL Groupe. Notre démarche RSE englobe tous les piliers sociétaux, sociaux et environnementaux. L’un des outils à notre disposition est cette OL Fondation qui existe depuis 2007. Dans le périmètre de mes activités, il y a donc le pilotage de la Fondation, de l’équipe qui porte ces sujets et beaucoup d’autres sujets qui font partie de la démarche RSE du club.

En termes de parcours, je suis ingénieur agronome spécialisée en environnement, j’ai commencé ma carrière dans l’évaluation environnementale des produits et j’ai ensuite été auditrice RSE pendant 7 ans au sein du cabinet Deloitte. J’ai, à ce titre, étudié les projets RSE de beaucoup d’entreprises et cela m’a permis de découvrir les engagements de l’Olympique Lyonnais. J’ai commencé à travailler à l’OL quasiment au même moment où le Groupama Stadium a été inauguré. Cette inauguration a été un accélérateur des démarches RSE de L’OL, avec les besoins d’avoir des compétences et des connaissances supplémentaires sur de nouveaux sujets.

Pourriez-vous présenter les principaux piliers et axes qui construisent aujourd’hui la stratégie RSE de l’Olympique Lyonnais ?

Depuis la création de la fondation en 2007, les piliers de notre stratégie RSE sont apparus de manière chronologique et sont aux nombres de 4 aujourd’hui.

Le premier est notre mission et volonté d’avoir des politiques inclusives par le rêve et les émotions que l’OL peut apporter. Cela passe par ce que l’on peut faire aux côtés des joueurs et joueuses dans les quartiers difficiles, dans nos actions pour les enfants malades… Ce sont des missions qui sont au cœur de la Fondation depuis ses débuts et qui sont toujours en vigueur aujourd’hui.

Pour le deuxième, il s’agit de favoriser l’égalité des chances. C’est quelque chose qui fait écho aux valeurs que le football incarne, notamment à travers la notion d’égalité, de partage, d’unicité et d’ascenseur social. Et cela se retranscrit à travers les associations que l’on soutient et par les missions que l’on porte en direct. La fondation de L’Olympique Lyonnais mène également de grosses actions sur l’emploi et sur l’égalité des chances face à l’emploi. Nous organisons donc des séances de jobs dating au stade, tous les 15 jours depuis 5 ans, qui ont à ce jour généré plus de 2500 recrutements.

Notre promesse est très claire : jouer l’intermédiaire entre les recruteurs qui ont des postes à pourvoir, et favoriser l’employabilité locale en identifiant puis coachant des candidats qui ont des expériences pertinentes.

C’est un dispositif qui est méconnu du public, car il n’imagine pas qu’un club de foot peut s’engager sur l’emploi. Spontanément, les gens ont du mal à comprendre, mais pour nous, c’est quelque chose de très pragmatique que de dire : 

« Nous sommes un lieu événementiel mais surtout un lieu de mixité, un lieu différent de l’agence pôle emploi et des bureaux de recruteurs, qui peut permettre des rencontres positives et productives ! ».

Nous sommes un acteur un peu différent et nous devons par conséquent jouer un rôle de sensibilisation en touchant les parties prenantes et en essayant de faire passer des messages importants

Le troisième pilier a pour objectif la lutte contre la précarité. Dans l’histoire du club, il s’agit de quelque chose qui a toujours tenu à cœur à nos dirigeants. De tout temps, nous avons donc été en lien avec des associations du territoire comme le foyer des sans-abris, la Banque Alimentaire ou encore le Secours Populaire. Nous souhaitons vraiment mettre en avant le fait que le football peut tendre la main au territoire.

Le quatrième et dernier pilier de notre démarche RSE est le volet environnemental que nous abordons à travers un angle d’amélioration de notre impact environnemental. C’est-à-dire que nous souhaitons réduire les impacts négatifs de toute l’activité du stade.

La RSE vient souvent en confrontation avec des process internes historiques. Comment travaillez-vous à embarquer les collaborateurs, à animer une politique rse audacieuse en interne et avec vos partenaires ?

La pédagogie est au cœur de toutes nos décisions. Nous ne sommes pas là pour imposer des changements par la force, avec une campagne RSE punitive. Cela serait contraire aux principes mêmes de ce que l’on veut porter. Nous avons une activité événementielle, de divertissement, de loisir et notre dynamique interne doit fédérer autour du club, créer de l’adhésion et non pas diviser. La concertation, la sensibilisation et le volontarisme sont donc au cœur de nos préoccupations.

Selon moi, la Responsabilité Sociétale des Entreprises est un sujet qui doit être diffusé à tous les étages, à tous les métiers, et à tout le monde. Il doit partir du COMEX qui va poser une vision à la fois court et long terme, puis des perspectives stratégiques et actions concrètes, et ensuite cela infuse dans l’entreprise. Pour ce faire, nous avons donc mis en place des échanges réguliers avec certains services, comme la direction du stade ou la direction des Ressources humaines.

L’un de nos sujets de travail concrets est d’œuvre à l’évolution du mode de mobilité pour venir et quitter le stade. En interne, nous avons notamment travaillé sur la mobilité de nos collaborateurs en mettant en place des challenges et des incitations comme l’entretien gratuit de leurs vélos par exemple.

Du côté des supporters, l’objectif est de mettre en place des solutions de transport dit doux, c’est-à-dire faciles d’accès, qui font gagner du temps et qui sont plus agréables que les moyens de transport traditionnels qui sont à leur disposition. Dans une optique de conviction, mais en douceur et avec pédagogie, sans supprimer drastiquement tous les parkings.

En étant trop négatif et autoritaire, on décourage les gens et on ne les embarque pas du tout dans notre engouement et dans ce que l’on veut faire ! Cela demande de la passion, de la vigilance, du discernement et de la persévérance lorsque l’on se heurte à des mœurs différentes, à des contraintes, ou tout simplement au fait que l’on ne peut pas tout changer du jour au lendemain.

Pourriez-vous nous donner votre position quant au levier d’engagement que sont les joueurs et joueuses sur ces enjeux de responsabilité ?

Ils sont nos meilleurs ambassadeurs et toutes nos campagnes de communication qui s’appuient sur eux ont beaucoup plus d’impact. Nous avons justement fait l’exercice, avec notre partenaire environnement et sponsor historique Veolia, de réfléchir avec eux sur nos ambitions de réduction de nos impacts négatifs et sur la sensibilisation.

Nous avons donc tourné à deux reprises une campagne de communication qui s’appuyait sur eux pour porter un message à caractère environnemental. Notre problématique était d’abord de savoir si nous pouvions travailler avec des joueurs et joueuses qui sont parfois très jeunes et qui pour certains ont des niveaux de vie très élevés qui leur permettent beaucoup de choses. Mais surtout d’identifier les moyens pour parler d’environnement à travers eux, tout en restant crédibles et sans les mettre en difficulté.

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Nous nous sommes tournés vers eux avec cette approche, en ciblant des joueurs et joueuses déjà sensibilisés au sujet et que l’on pouvait facilement embarquer sur ce thème. Ainsi, nous leur avons tout simplement demandé de quoi ils avaient envie de parler. Cela s’est très bien passé, et la campagne a été bien reçue, car notre démarche transpirait la simplicité et l’humilité et on ne les a pas posés comme des exemples absolus.

Je pense qu’il faut y aller avec cette approche pour ne pas non plus décourager les gens en leur disant que l’on doit tout changer du jour au lendemain. On a tous pris des réflexes et des habitudes qui se sont développés avec les années et le prisme du changement climatique nous fait prendre conscience qu’il faut faire bouger pas mal de lignes, mais progressivement.

Et pour les supporters ?

Pour ce qui est des supporters, nous les avons moins adressés dernièrement du fait de la crise sanitaire, mais nous avons beaucoup de projets. Notamment celui de mettre en avant l’accessibilité au stade à vélo depuis le centre-ville de Lyon afin de leur montrer que c’est faisable et rapide et que cela peut être quelque chose qui a des impacts directs sur la planète.

Il est actuellement difficile de savoir comment ces projets vont être reçus, car c’est assez nouveau, mais lorsque nous avions mené une enquête auprès d’un échantillon de spectateurs, les résultats nous avaient agréablement surpris dans la mesure où le tri paraissait être un geste évident pour les supporters. Il était logique pour eux que les clubs se soucient de ce genre de problème, car cela contribue non seulement à l’image du groupe, mais également à la fierté que d’avoir un stade bien géré. Les freins relevés grâce à cette enquête nous ont permis de travailler sur des changements à mettre en place et notamment sur une nouvelle signalétique de tri qui renforcerait la transmission de nos messages.  Ils sont à l’écoute, et toutes nos actions ne sont donc pas faites n’importe comment et dans n’importe quel ordre, car la modification drastique de leurs habitudes serait tout de suite moins bien reçue.

Sur les initiatives mises en place ces dernières années, ou encore sur celles qui vont arriver, avez-vous des points très pratiques à faire ressortir ?

Pour mettre en valeur les efforts que le club engage, nous avons décidé de nous tourner vers un dispositif de labellisation, pour faire reconnaître l’étendue de nos efforts et pour donner à la Fondation plus visibilité. C’est donc dans ce cadre-là que l’on a travaillé durant la saison dernière, avec le label Fair Play For Planet (FPFP) et l’Agence de la transition écologique (ADEME), sur tous les aspects environnementaux liés au sport.

Le champ d’action est très large, car cela peut aller de l’électricité 100% renouvelable que l’on achète pour les consommations du stade, à la récupération de l’eau de pluie pour arroser les pelouses, ou encore aux espaces de collecte des déchets dans les sous-sols du stade pour faciliter le recyclage. Nous souhaitons transmettre au public tout cela, car ce label indépendant valide les efforts que l’on a mis en œuvre jusque-là.  

Des travaux ont également débuté sur le parking du stade afin d’y installer tout un parc de panneau photovoltaïque. Il sera très facilement visible depuis les différents accès au stade et les supporters pourront donc voir que nous sommes également un lieu de production d’énergie renouvelable in situ.

Toutes ces initiatives visent à modifier notre fonctionnement petit à petit, en prenant les chantiers les uns après les autres, en continuant nos efforts.

Certes, cela n’avance parfois pas aussi vite qu’on le voudrait, mais on en revient au côté pédagogique : si on veut que ça continue d’avancer, il faut accepter de le faire avec patience. C’est finalement un message d’espoir que nous devons nous dire. Le processus pourra être long, il pourra y avoir des situations compliquées, mais nous allons y arriver ensemble en transmettant des messages qui ne sont pas clivants et en essayant de rassembler plutôt que de diviser.

À propos de l'auteur

Maëlle Trarieux

Maëlle Trarieux

Directrice RSE de l’Olympique Lyonnais

Ingénieure Agronome de formation, Maëlle Trarieux exerce en tant que Directrice RSE de l’Olympique Lyonnais, club qu’elle a rejoint début 2016.

Ayant débuté sa carrière en tant que consultante en Analyse de Cycle de Vie (ACV) et Bilans Carbone, elle a ensuite audité la stratégie RSE de nombreuses entreprises françaises au sein de l’équipe Développement Durable du cabinet Deloitte.

Son expérience à l’Olympique Lyonnais, ses interactions avec les autres acteurs du sport et de la RSE lui confèrent une vision globale et concrète des enjeux RSE dans le monde sportif et évènementiel, ainsi que des nombreuses parties prenantes impliquées sur ces sujets.

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