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Salon et concert de musique, quelle place pour la cohésion et l’émotion ?

Alexandre Lefebvre

Alexandre Lefebvre

Assistant chef de publicité au sein de l’agence Lafourmi

Sommaire

Comparer un salon à la musique n’a rien d’évident au premier abord. En effet, le salon est temporaire et périodique tandis que la musique, intemporelle, traverse le temps et est aujourd’hui accessible par tous, sans barrière d’espace ou de temps grâce à internet. Pourtant, la musique et le salon sont similaires sur bien des points. En effet, ils fédèrent une communauté et permettent une immersion dans un univers. Salon et musique sont également à la fois un vecteur d’émotions et d’engagement ainsi qu’un moyen de mise en partage.

La fédération d’une communauté

Un artiste cristallise autour de lui des fans qui ont un intérêt pour son œuvre. Ceux-ci forment une communauté à la manière des participants d’un salon. En se réunissant autour de produits, d’œuvres ou d’un cœur de métier, une communauté se crée. Par exemple, ceux qui ont un intérêt pour la pop culture se rassemble au Comic Con car ils partagent des valeurs communes et une culture commune. Le rapport à la musique pour les fans est en ce sens très similaire, puisqu’un projet artistique est la résultante d’influences qui ont inspiré l’artiste dans sa création.

Pour comprendre les références tant dans les sonorités que dans les paroles, il convient d’avoir ce bagage, cette culture commune. Aussi, le concert apparaît comme le lieu de rassemblement des fans autour de l’artiste, à la manière du rassemblement des « gamers » à la Paris Games Week. Pour revendiquer cette appartenance à la communauté de fans ou de participants du salon, le partage sur les réseaux sociaux prend une place importante dans l’expérience, tant lors de l’écoute d’une musique, que d’un concert ou d’un salon. On y partage ce qu’on a ressenti, ce qu’on a vu et également la fierté qui est liée à cette participation. Cette fierté peut même aller au-delà et se traduire par l’achat de produits dérivés. Il n’est pas rare de voir des participants au Comic Con porter des t-shirts à l’effigie des salons des années précédentes. De même, dans le monde de la musique, les t-shirts de tournées ou les marques créées par un artiste sont un moyen de revendiquer son appartenance à la communauté. Pour prendre l’exemple de Lomepal[1], ce dernier a ouvert récemment un pop-up store où il vendait une ligne de vêtements créée en relation avec son album FLIP. Album qui porte d’ailleurs le nom d’une figure de skateboard, son univers.

L’immersion dans un univers propre

« L’artiste et l’organisateur de salon apportent une vision du monde et un univers. »

D’ailleurs, l’immersion dans un univers est également une caractéristique rapprochant le salon de la musique. L’artiste et l’organisateur de salon apportent une vision du monde et un univers. L’univers musical est composé d’influences d’autres artistes, de rencontres ou encore d’ambiances qui marqué l’artiste lors de l’élaboration de ses projets. Pour ce qui est de l’univers créé autour d’un salon, c’est également le cas. La ville où se tient le salon influe toujours sur l’ambiance. Les décors, à l’image de ceux des concerts, ajoutent un côté immersif dans l’univers instauré par l’organisateur. L’univers graphique plus globalement, que cela soit en termes de logos, de couleurs ou d’images, renforce ce côté immersif.

La technologie est également un moyen d’immersion. La réalité virtuelle ou la réalité augmentée permettent de transporter les participants d’un salon dans un monde alternatif qui renforce la cohérence et la consistance de l’univers créé. Les clips ou encore les vidéos sur les réseaux sociaux ont ce rôle dans le monde musical. Ainsi, le rappeur Lomepal a su créer tout un univers autour de sa pratique du skateboard dans ses musiques mais également sur les réseaux sociaux. Il y partage fréquemment des vidéos de skateurs effectuant des figures. Les artistes, à la manière des salons, peuvent aussi confronter leur public à d’autres artistes de styles différents en effectuant des featurings qui enrichissent l’univers de l’artiste et les horizons musicaux des fans. Les titres réunissant rappeurs et chanteurs populaires ou de variété en sont l’illustration.

Le salon et la musique, vecteurs d’émotions et d’engagement

L’immersion donne du corps tant à l’univers musical qu’à celui du salon. Tous deux ont une ambiance sonore propre qui font que l’artiste comme le salon se démarquent et sont uniques. Le show effectué lors des concerts a pour but d’émerveiller le public et de lui proposer de l’inédit au niveau de l’expérience qui y est vécue. Les activités proposées par les exposants lors des salons peuvent aussi avoir une visée immersive. Par exemple, sur le stand JBL lors de la PGW, il était possible d’être transporté grâce à la réalité virtuelle dans un parc d’attraction. La technologie est un moyen, mais les expériences peuvent aussi se vivre en réel. Ainsi, lors de la Paris Games Week, le stand Fortnite, très volumineux et très immersif était un véritable parc d’attraction au sein du salon, avec de multiples activités. Il permettait aux visiteurs de vivre une expérience unique et personnalisée dans l’univers du jeu.

La mise en partage comme évolution commune

Public et artiste, ou participants et exposants, co-créent ensemble. Dans la musique, cette co-création live prend la forme de chants, de gestes et plus globalement de réactions à la prestation de l’artiste lors d’un concert par exemple. Les albums live ou les clips tournés lors de festivals matérialisent cette co-construction dans le monde musical. Lors des salons, l’affluence impacte l’expérience pour les participants. Participants, prestataires et intervenants contribuent également à différencier l’expérience du salon et à la rendre unique. La Japan Expo en est l’incarnation. Les cosplayeurs contribuent à créer cette atmosphère unique qui prédomine dans ce salon de pop culture. Lors de la Paris Games Week, le stand Fortnite dont on parlait précédemment, était très représentatif de l’univers du jeu vidéo et un exemple de l’impact des exposants sur le public lors d’un salon.

« Dans la musique, cette co-création prend la forme de chants, de gestes et plus globalement de réactions à la prestation de l’artiste lors d’un concert par exemple. »

L’invitation à la participation de visiteurs lambda mais aussi d’invités, des influenceurs dans le domaine du gaming, sur la scène pour jouer est typiquement une mise en partage et une co-création, leurs parties étant retransmises sur un écran géant. Dans le domaine musical, les artistes d’aujourd’hui accordent beaucoup d’importance au live et à la rencontre du public. Les réseaux sociaux permettent de les rapprocher de leurs fans et d’avoir un retour sur leurs créations. D’ailleurs, celles-ci peuvent être modifiées en fonction de leurs réactions. Ainsi le public est réellement acteur. Angèle[2]a pu ajuster ses titres pour son premier album Brol en les testant lors de festival. Un artiste comme Vald[3] va encore plus loin en créant un clip sur fond vert pour permettre l’appropriation total de la vidéo par ses fans. La capacité d’appropriation d’un contenu par les publics devient donc centrale.

Sources :

(1)Lomepal est un rappeur et chanteur français originaire de Paris.
(2)Angèle est une jeune auteure-compositrice-interprète belge.
(3)Vald est un rappeur français originaire de Seine-saint-Denis.

À propos de l'auteur

Alexandre Lefebvre

Alexandre Lefebvre

Assistant chef de publicité au sein de l’agence Lafourmi

Passionné de sport et de culture urbaine, Alexandre Lefebvre est assistant chef de publicité au sein de l’agence Lafourmi. Étudiant en master marketing à Sciences Po, il met sa créativité au service de grands équipementiers et acteurs du sport. Geek dans l’âme, il les accompagne dans l’innovation, notamment en élaborant de nouveaux formats et contenus pour leurs réseaux sociaux. Ancien de la start-up Lemon Tri, il accorde beaucoup d’importance au développement durable et à l’économie sociale et solidaire.

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