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L’événement, un rite de passage qui crée un sentiment d’appartenance – Rencontre avec Edgar Grospiron

Edgar Grospiron

Edgar Grospiron

Champion Olympique et conférencier en motivation et performance depuis 20 ans

Sommaire

L’équipe de L’Innovatoire a rencontré pour vous Edgar Grospiron, ancien grand sportif de haut niveau et aujourd’hui conférencier sur la thématique de la motivation. Il nous parle ici des clés pour réussir au mieux sa préparation à un événement, mais également de la rencontre humaine et de sa vision sur l’événement de demain.

Pourriez-vous vous présenter aux lecteurs de l’innovatoire ?

Je m’appelle Edgar Grospiron et je suis aujourd’hui conférencier sur la thématique de la motivation. J’interviens principalement en entreprise, lorsque ces dernières ont besoin de faire passer des messages inspirants à leurs équipes à l’occasion de séminaire, ou encore lorsqu’elles veulent transmettre de l’énergie positive et favoriser la dynamique individuelle et collective. Je fais maintenant cela depuis une quinzaine d’années, et je m’appuie sur un passé de sportif de haut niveau, car j’ai été champion olympique de ski en 1992 et 3 fois champion du monde. Je puise dans le sport les parallèles que l’on peut faire entre la performance qui s’applique aussi bien dans le monde de l’entreprise que dans le monde du sport.

En tant qu’ancien sportif, la préparation à une compétition, donc un événement en soi, est absolument fondamentale. par quoi passe donc une bonne préparation selon vous ?

Premièrement, une bonne préparation ne repose pas uniquement sur l’aspect technique et organisationnel des choses ! Aussi bien dans le sport que dans une entreprise, la compétence seule ne suffit pas car il faut aussi se préparer sur l’aspect mental et physique.

L’approche mentale est le véritable sujet car la préparation d’un événement est une sorte de montée en puissance. Et la question que nous devons alors nous poser est : dans quelle condition physique ou mentale ai-je envie d’arriver le jour de l’événement ? On le fait beaucoup plus rarement en entreprise qu’en sport, car on travaille comme des fous sur l’événement et on y arrive épuisé. Et un manager ou un organisateur qui a invité ses équipes, qui est présent sur un salon, ou dans un séminaire, ne peut pas se permettre de ne pas être au top. Dans le sport c’est impossible en tout cas !

Je finirais sur un concept qui est très fort selon moi pour la préparation à une conférence : l’improvisation. Cela peut totalement paraître paradoxal car on assimile souvent l’improvisation à la non-préparation. Mais l’improvisation se travaille et il y a des fondamentaux à l’improvisation qui doivent être maitrisés. J’ai d’ailleurs pris quelques cours de théâtre d’improvisation pour justement être détaché d’un côté un peu trop construit et trop formel en conférence et pour être à l’aise face à l’imprévu. Gérer l’imprévu est essentiel, et cela, surtout quand on fait de la prise de parole en public, car c’est un exercice intéressant et où on peut être finalement assez libre. D’ailleurs, notre faculté à rebondir sur l’imprévu va renforcer la qualité de l’orateur, comme d’un événement.

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Selon vous, comment réellement créer la rencontre humaine sur un événement ? Que ce soit en format digital, hybride ou présentiel.

Pour une entreprise, un événement comme un séminaire par exemple, est un rituel. Chaque année l’entreprise organise ce rite pour que les gens se rencontrent, partagent, échangent, pour qu’ils adhèrent à la philosophie et à la vision de l’entreprise et pour qu’ils puissent s’inscrire dans l’histoire de l’entreprise. L’événement est donc un rite qui peut créer un sentiment d’appartenance ! Et cela est une donnée essentielle, car les gens qui ont un sentiment d’appartenance très développé à leur entreprise seront les plus à même de donner le meilleur d’eux même par la suite. C’est ce que les managers ou les équipes dirigeantes attendent de leurs équipes. Mais on peut faire le parallèle avec le sentiment d’appartenance de visiteurs à un événement qu’il faut savoir créer par ce rite.

Mais comment faire pour réellement favoriser la rencontre humaine ? Tout d’abord un rite, c’est d’abord un cadre bien défini dans le temps, mais aussi dans le programme. Il y a un début et une fin, on sait de quoi on va parler et cela est important pour éviter que le moment parte dans tous les sens. Pour cela on met en place des temps forts, c’est-à-dire des moments où tout le monde a besoin d’entendre le même message et des moments où chacun doit pouvoir partager son expérience, les bonnes pratiques, etc.

Notons ici l’importance des temps de collaboration où le partage d’expérience et la collaboration prime. Ces temps-là sont essentiels car, tout le monde doit avoir un moyen de s’exprimer si on veut pouvoir favoriser la rencontre. À noter qu’il se dit et se passe toujours beaucoup de choses dans les temps informels comme les cocktails ou les activités. Ce sont les moments où les invités se lâchent, s’expriment et partagent le plus.

Il faut donc être attentif au cadre que l’on met en place pour créer les conditions qui favorisent l’échange et la rencontre. Il doit être construit et canalisé pour que les gens repartent également avec quelque chose de concret : c’est-à-dire une direction, des ambitions, des objectifs, les moyens mis à leur disposition pour atteindre leurs objectifs.

Finalement, quelle est votre vision de l’événement de demain ? Comment aller plus loin dans l’expérience humaine à offrir avec toutes les évolutions que la filière doit prendre en compte avec la crise sanitaire notamment ?

Je pense que nous sommes confrontés à une réalité écologique et à une sorte de prise de conscience massive et générale. Nous avons vu avec la crise que nous pouvons faire plus, plus vite tout en ayant une empreinte carbone moins importante. Les organisateurs d’événements doivent le prendre en compte, car cela va directement jouer sur la marque employeur.

Si vous avez une entreprise qui organise un grand événement où l’on voit qu’il y a une débauche de moyen et du gâchis, cela sera très mal vu, et ce sera de pire en pire avec le temps.

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Pourquoi la filière événementielle doit apprendre de 2020 ?
Février 2020, je termine le montage d’un de mes stands sur le salon de l’agriculture. L’ambiance est bonne, les visages sont fatigués mais l’humeur est légère. Cependant, parmi les discussions habituelles, quelques questions hésitantes surgissent parfois : “ Tu as vu ce qui se passe en Chine ? – Oui mais bon, ça ne viendra jamais jusque chez nous…” Quelques jours plus tard, les organisateurs du SIA annoncent la fermeture anticipée du Salon, par mesure de précaution, et afin de respecter les consignes gouvernementales. Un an plus tard, la saveur des décisions laisse un goût amer, on ne compte plus les ascenseurs émotionnels liés aux multiples espoirs de reprise et le bilan économique est lourd, au point de peser encore pendant de nombreuses années.

Même si un événement est fait pour célébrer les gens, nous arrivons aujourd’hui dans un monde où les participants désirent des choses plus minimalistes avec des événements hybrides qui limitent les déplacements non essentiels. L’hybride va certainement d’ailleurs prendre de plus en plus de place en remplaçant un grand nombre de réunions physiques. Les gens ont compris que l’on peut faire en visio des réunions importantes, ou même des réunions avec de plus petits enjeux, qui nécessitaient obligatoirement un déplacement avant.

Il y aura toujours des événements, des salons, des conventions, car nous avons besoin de la rencontre physique, mais je pense que les gens vont réfléchir sur le déplacement massif occasionné par les événements et l’argent dépensé dans ces déplacements. La mobilité, aussi bien pour le travail au quotidien que pour d’autres déplacements, va être redéfinie de la même manière que le travail et l’émergence du home office. Quand le déplacement n’est plus indispensable, les gens préfèrent rester chez eux, et cela surtout si le temps de transport dépasse 1h.

À propos de l'auteur

Edgar Grospiron

Edgar Grospiron

Champion Olympique et conférencier en motivation et performance depuis 20 ans

Sportif de haut niveau en ski acrobatique spécialisé dans l’épreuve des bosses, Edgar Grospiron a été le premier champion olympique de la discipline en 1992 à Albertville. Il a été également titré 3 fois champions du Monde en 1989, 1991 et 1995. Soucieux de sa reconversion, Edgar a aujourd’hui plusieurs cordes à son arc. Il est notamment chef d’entreprise et un conférencier reconnu avec plus de 600 interventions à son actif depuis 10 ans. La motivation, la performance des individus, la gestion des émotions font partie de ses thèmes fétiches.

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