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L’inclusion : décryptage d’un phénomène actuel

Camille Maldjian

Camille Maldjian

Co-fondatrice chez Ezymob

Sommaire

Nous évoluons aujourd’hui dans une société dans laquelle nous constatons de nombreuses fractures. On peut par exemple citer l’inégalité numérique, l’inégalité des chances ou encore l’inégalité d’accès à l’éducation. Les personnes en situation de handicap constituent encore une trop large typologie impactée par ces disparités, à la fois dans leur vie professionnelle que personnelle. Pour remédier à cette situation, il est un maître mot caractérisant cet enjeu, cependant, il a encore du mal à être universalisé : il s’agit de l’inclusion. C’est un sujet d’une priorité absolue qui nous incombe à tous pour que l’on puisse enfin qualifier notre société d’inclusive.

Mais qu’entend-on exactement par inclusion ?

C’est une notion souvent confondue avec la diversité. Or, la diversité ne conduit pas à l’inclusion. Il ne suffit pas de “donner accès à” pour que l’on puisse dire qu’une société ou une entreprise est inclusive. Pour illustrer ce propos, nous pouvons citer Verna Myers, experte sur les sujets de la diversité et de l’inclusion : “La diversité, c’est être invité à la fête. L’inclusion, c’est être invité à danser”. Ainsi, il faut aller au-delà dans les actions déjà mises en place en faveur de la diversité pour pouvoir parler de réelle inclusion.

Brigitte Bouquet, professeure émérite de sociologie au CNAM (Conservatoire National des Arts et Métiers) définit généralement l’inclusion dans son livre “Vie sociale” comme étant “un état de quelque chose qui est inclus dans un tout, un ensemble”.

Plus précisément, l’inclusion est une notion de participation sociale qui se divise en deux visions : l’inclusion ségrégative et l’inclusion intégrative (l’inclusion que l’on cherche à atteindre).

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L’inclusion ségrégative illustre le propos précédent, qu’il ne suffit pas de donner accès pour parler réellement d’inclusion. Cette vision signifie que des groupes sociaux d’individus dits hors normes vont pouvoir être au plus près des normes en s’y adaptant eux-mêmes, sans que la société ne change. Ainsi, les individus sont intégrés dans la société mais n’y sont pas inclus. Ils ne sont pas considérés dans leur intégralité.

Or, dans une vision d’inclusion intégrative, l’environnement sociétal s’adapte à ces groupes sociaux d’individus. Ceux-ci n’ont plus à s’adapter pour être dans les normes car c’est la société qui change pour eux, qui s’adapte pour qu’ils soient inclus. C’est l’environnement qui se transforme pour que chaque individu puisse exister dans une société où chacun est entièrement considéré.

Au-delà de leur handicap, les personnes en situation de déficience sont, encore aujourd’hui et depuis toujours, confrontées aux préjugés et au rejet d’une société qui ne les inclut pas totalement et qui leur rend difficile l’accès à une liberté totale dans leur vie professionnelle et sociale.

De l’exclusion à l’enfermement, de l’assistanat à une véritable inclusion : il a fallu de nombreux siècles pour que la société change, et que les sujets du handicap et de l’inclusion des personnes qui sont concernées deviennent une priorité pour tous. Il s’agit d’un enjeu fort aujourd’hui pour les milieux professionnels, scolaires, des services publics, des vacances, des loisirs, des événements ou encore des transports.

En France, la loi d’orientation en faveur des personnes handicapées de 1975 a été le premier grand dispositif législatif mis en place et le premier pas vers l’inclusion impliquant le droit au travail, le droit à l’intégration scolaire et sociale et le droit à une garantie minimum de ressources. Cette loi marque la naissance d’une politique du handicap en France.

D’autres lois ont été appliquées au fil des années dont une d’une grande importance. En 2005, la loi pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées a vu le jour. Celle-ci a permis des changements drastiques et indispensables pour l’autonomie et la liberté des personnes en situation de handicap. Elle a notamment imposé la mise en accessibilité de tous les établissements recevant du public (ERP) d’ici 2015 pour toutes les personnes en situation de handicap et ce, quel que soit le handicap.

En complément, en 2015, une loi d’accessibilité relative à la mise en accessibilité des établissements recevant du public, des transports publics, des bâtiments d’habitation et de la voirie, a été promulguée, simplifiant et explicitant les normes d’accessibilité.

Des lois plus récentes confirment cette volonté de développer l’inclusion et de faire de la société, une société inclusive. Notamment, la loi d’orientation des mobilités (LOM) de 2019 qui légifère de nouvelles mesures concernant l’accessibilité des bâtiments et des transports pour les personnes en situation de handicap. Malgré des progrès indiscutables pour améliorer le quotidien des personnes en situation de handicap, beaucoup sont encore dans l’incapacité d’avoir pleinement leur liberté et leur autonomie.

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Les actions pour l’inclusion des personnes en situation de handicap passent également par la mise en place d’outils tels que les normes ISO.

Parue en 2012, la norme ISO 20121 a été conçue afin que les événements culturels puissent respecter les trois dimensions du développement durable : l’économie, l’environnement et le social. Les standards mis en place ont pour objectif d’analyser les problèmes et les enjeux situés à chaque étape du processus afin d’améliorer l’accessibilité et le respect du développement durable et ce, quelle que soit la taille ou la nature de l’événement. Dans le cas de l’inclusion, la norme ISO 20121 oblige les organisations à considérer l’accessibilité de leurs événements au plus grand nombre de personnes possible. Avec toutes ces parutions de lois, de nombreuses entreprises se penchent sur les enjeux d’accessibilité et d’inclusion, sujets d’une priorité absolue à l’heure actuelle, pour les mettre au centre de leurs intérêts et au cœur de leur stratégie RSE. Le secteur de l’événementiel a donc tout intérêt à s’intéresser à ces enjeux et aux solutions qui y répondent.

Anticiper le retour à la vie normale pour proposer une expérience inclusive

Ces deux dernières années, nous avons été confrontés à des bouleversements qui ont profondément modifié les codes sociaux et ont transformé le secteur de la rencontre. Ils ont été annulés, rendus hybrides, aseptisés avant de pouvoir être à nouveau autorisés, non sans conserver un certain nombre de précautions. Alors la joie de pouvoir enfin se retrouver en physique laisse place à une question qui persiste, a-t-on réellement pensé à l’inclusion des publics en situation de handicap ?

L’OMS nous informe qu’aujourd’hui environ 15% de la population mondiale serait atteinte d’un handicap, cela représente 1 milliard de personnes dont à peu près 100 Millions en Europe (1)

En France, 24% de la population française active âgée de 15 à 64 ans est concernée, et ce chiffre augmente proportionnellement au vieillissement de la population. Sans compter que tout au long de sa vie, 1 personne sur 2 sera confrontée au handicap, qu’il soit temporaire ou définitif (2).

Ces chiffres montrent la part importante que représentent les personnes en situation de handicap dans les publics potentiels des événements et salons organisés par la filière, il est primordial d’intégrer cette typologie de public dans la réflexion autour de l’organisation et de la mise en place de nos rassemblements.

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De plus, si nous nous intéressons de plus près à leur quotidien, il faut être conscient que tout déplacement d’une personne en situation de handicap n’est pas anodin, elles se doivent d’anticiper et d’organiser au mieux leur trajet et de s’assurer qu’une fois sur place, l’établissement ou l’événement auquel elles se rendent puisse être adapté et les accueillir en toute sérénité et sécurité.

La rassurance est extrêmement importante pour ces publics, on notera qu’une personne déficiente visuelle peut avoir besoin en moyenne jusqu’à 2 heures de temps de préparation en amont.

Ce temps pourrait être drastiquement réduit si des solutions pour l’inclusion étaient systématiquement mises en place et si les personnes en situation de handicap en étaient informées préalablement.

En effet, au-delà de s’assurer de pouvoir se rendre facilement au lieu de destination, elles vont chercher à connaître son degré d’accessibilité, à identifier les points d’intérêt principaux et à collecter un maximum d’informations qui pourront lui être utiles sur place. Il s’agit d’une charge mentale qui leur incombe et, dans certains cas, si elles ne trouvent pas cette rassurance nécessaire, elles peuvent se résigner à ne pas se rendre dans un bâtiment. On assiste donc à une rupture de la chaîne de déplacement par manque d’accessibilité ou manque d’information sur l’accessibilité causée soit par des normes non respectées (c’est notamment le cas dans certains bâtiments classés monuments historiques) ou alors par des mesures d’accessibilité qui ne sont pas assez poussées.

L’ensemble des nouvelles règles énoncées plus haut et qui agissent pour un quotidien plus accessible pour les personnes en situation de handicap ainsi que la part qu’elles représentent dans les publics potentiels nous montrent qu’il est plus que nécessaire de penser inclusion dans l’organisation des événements. Au-delà du respect des normes en vigueur, il est primordial aujourd’hui de se donner les moyens d’aller plus loin dans l’accessibilité, et de penser via le prisme de l’expérience et de la satisfaction visiteur. En effet, une expérience enrichie et adaptée aux différents types de publics sera gage de réelle inclusion et de satisfaction.

Ezymob : des solutions innovantes afin de rendre le secteur de l’événementiel handi-accueillant

Forts de ce constat, et ayant une volonté sans faille d’agir pour un quotidien inclusif, Robin, Julien et moi-même avons co-fondé notre solution digitale de mobilité et d’accessibilité : Ezymob. Notre point de départ s’ancre dans le postulat suivant : la mobilité est la clé de la liberté.

Nous savons que pour certains, les déplacements et les événements du quotidien qui nous apparaissent comme anodins (se rendre au travail, assister à un salon, se rendre à un forum), se révèlent être un véritable parcours du combattant.

La volonté d’Ezymob est donc de pouvoir apporter plus de liberté à ces publics fragilisés pour les rendre pleinement autonomes et leur faciliter l’accès aux différentes interactions sociales. Nous voulons profondément améliorer le quotidien de ces personnes et faire en sorte que leurs déplacements dans les établissements recevant du public ne soient plus une difficulté.

Pour cela, nous avons additionné toutes nos compétences en technologie innovante et en intelligence artificielle pour créer nos solutions digitales de mobilité Ezymob, pensées spécifiquement pour les établissements recevant du public et lors d’événements grand public.

Elles se traduisent notamment par des fonctionnalités de guidage pas-à-pas en indoor. En effet, grâce à un travail de cartographie et de recensements des divers points d’intérêt (sanitaire, accueil, stand, espace de conférences etc.), nous sommes capables de guider une personne déficiente visuelle d’un point A à un point B, de rassurer une personne déficiente cognitive dans son parcours grâce à la méthode FALC (Facile à Lire et à Comprendre) et d’amener une personne utilisatrice d’un fauteuil roulant jusqu’à un ascenseur qui fonctionne.

En outre, nos solutions ne requièrent aucun dispositif extérieur (type balise ou beacon). Elles sont entièrement accessibles sur Smartphone, via notre application native ou en web application directement via le site ou l’application de l’événement ou du bâtiment, ou encore via un simple QR code. Tout a été conçu de manière à ce que cela soit facile d’utilisation pour les publics, mais également facile à installer et à gérer pour les organisateurs d’événements ou bien les propriétaires de bâtiments.

Nous pensons que la richesse d’Ezymob réside dans notre modèle de conception inclusif qui est un modèle agile basé sur des expérimentations avec des utilisateurs en situation de déficience visuelle et/ou cognitive. Ceux-ci ont pu largement prendre part à la construction de nos solutions puisque nous nous basons sur leurs retours pour que notre solution soit la plus utile et adaptée possible à leurs besoins spécifiques.

Les solutions Ezymob répondent ainsi à un besoin réglementaire, tout en facilitant la mobilité des personnes en situation de handicap via une technologie dédiée et accessible sur smartphone.

Nos solutions et notre engagement prouvent qu’innovation peut être synonyme d’inclusion, que le progrès est un aspect considérable du volet social. Alors continuons ensemble à construire le monde inclusif de demain, où chacun, quels que soient ses freins ou son handicap, pourra être invité à danser.

À propos de l'auteur

Camille Maldjian

Camille Maldjian

Co-fondatrice chez Ezymob

Camille Maldjian est issue d’une formation d’ingénieure en biomédical qu’elle complète avec une expérience en tant qu’ingénieure d’affaires en société de conseil. Elle est directrice générale et a la charge du développement commercial ainsi que de la communication d’Ezymob. La volonté d’aider les publics fragilisés ayant guidé son parcours d’étude depuis son plus jeune âge, elle pense qu’Ezymob a le pouvoir de sensibiliser la population au handicap. Avec Ezymob, elle souhaite améliorer la vie des personnes en situation de handicap dans leur quotidien en portant leurs voix.

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