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Rendre son territoire attractif par sa politique événementielle

Rania El Argoubi

Rania El Argoubi

Ex-étudiante à l’ESTHUA – Angers

Sommaire

Rendre son territoire attractif est un enjeu extrêmement important pour développer son économie, car cela favorise notamment le tourisme à grande ou petite échelle. L’événementiel est une des pratiques qui va permettre d’atteindre cette attractivité.

Rendre un territoire attractif : dans quel but ?

L’événementiel permet à une ville de gagner une image positive qui va générer un rayonnement intérieur comme extérieur. Ainsi, la ville d’Angoulême est extrêmement célèbre grâce à son festival de Bande Dessinée. Mais l’événementiel ne s’arrête pas à des intérêts économiques, médiatiques et touristiques, au contraire, cela permet également de fédérer une ville et ses habitants autour de valeurs communes, tout en mettant en relief la spécificité du territoire. L’objectif est donc aussi politique car il s’agit de créer une cohésion sociale territoriale. On propose des animations marquantes et de qualité afin que les habitants se sentent bien. Les résidents se sentent bien dans leur ville et en deviennent des ambassadeurs vis-à-vis de l’extérieur, devenant ainsi acteur de la stratégie d’attractivité pilotée par les institutionnels.

Comment s’y prendre ?

Il faut tout d’abord trouver une idée d’événement. Pour cela il est important de respecter le territoire dans lequel on se trouve, on évite de proposer un salon sur l’urbanisme en pleine montagne, au contraire, on préférera par exemple un salon lié à l’environnement et au respect de notre planète. Attention, à ne pas nous plus tomber dans le cliché. Evitons de proposer une fête consacrée aux chants bretons en Bretagne ou une soirée Bouillabaisse à Marseille. Au contraire, il faut trouver une idée pertinente qui respecte le territoire de façon subtile. Par exemple à Saint-Jean-le-Vieux plusieurs communes ont construit un projet permettant la valorisation de l’environnement. Elles encouragent la pratique du Canoé dans la rivière de l’Ain ainsi que différents projets liés à la forêt et aux paysages. Autre idée intéressante, le festival Le rêve de l’Aborigène, qui se déroule tous les ans à Airvault, est l’occasion de célébrer le peuple aborigène dans un lieu en harmonie totale avec la nature. On retrouve donc cette idée de profiter des aspérités du territoire tout en sensibilisant la population aux conditions de vie des Aborigènes. On pourrait alors parler d’événement « glocal », global par le sujet qu’il traite et local par la manière dont il va s’incarner.

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Avant de se lancer dans un projet, il est donc fondamental de savoir exactement ce qu’on attend. L’organisateur doit se poser les bonnes questions dans le but de créer un événement qui pourra avoir des impacts positifs sur son territoire. Pour cela, il est important de penser à intégrer plusieurs types de publics, mais en particulier les habitants de la ville concernée. Le travail doit également être réalisé en collaboration avec les acteurs communaux. Ainsi, le festival « Les habitants ont du talent » qui a eu lieu plusieurs fois à Évry, a permis d’impliquer la population. En effet, il a proposé des projets artistiques menés par les habitants eux-mêmes. En 2017, ils étaient également accompagnés par des employés de onze centres sociaux et d’autres artistes. Chacun devient alors acteur, réellement membre de la politique événementielle de son territoire.

Comment informer ?

La campagne de présentation de l’événement est extrêmement importante pour que le public soit au rendez-vous, mais aussi parce qu’elle ancre l’événement dans le territoire, c’est comme s’il avait déjà un peu débuté. Pour cela, différentes options sont envisageables comme l’affichage dans les rues. On connaît ainsi l’exemple du festival d’Avignon durant lequel les murs de la ville se recouvrent d’affiches liées aux différents spectacles. De plus les méthodes plus modernes et engageantes comme le happening, le nudge ou encore le teasing. Par exemple, le festival des jeux de Vichy propose des vidéos de teasing pour présenter la prochaine édition qui aura lieu en 2021. Ces contenus sont ensuite diffusés sur les réseaux sociaux. Cela permet d’inclure les participants dans l’événement. 

Et après ?

Le travail ne s’arrête pas une fois l’événement achevé. En effet, un bilan doit être réalisé pour connaître son impact. Pour cela, il existe plusieurs outils à notre disposition. Tout d’abord, les KPI (Key Performance Indicator) qui permettent de mesurer l’impact d’un événement à court et moyen terme. Ils s’établissent selon deux critères : quantitatif et qualitatif. Grâce au critère quantitatif, on peut calculer le nombre de participants et d’intervenants. Cela permet de savoir si le budget investi est à la hauteur des profits en termes de visibilité et de tourisme. Quant au critère qualitatif, il mesure le degré de satisfaction du public et des journalistes. Cela passe notamment par l’analyse de la presse et des réseaux sociaux. Des indicateurs permettraient d’aller encore plus loin, en mesurant par exemple les émotions qui ont été ressenties pour les différents spectateurs, en analysant en quoi cet événement les a marqués, voire même transformés. Il est aussi essentiel de savoir ce qui a été retenu pas simplement une fois l’événement terminé mais au-delà. L’impact sur le long terme est établi par les post-tests de communication. On peut ainsi savoir si l’événement a eu une bonne visibilité, s’il a été apprécié et s’il a permis de développer le tourisme, si c’était l’un de ses objectifs initiaux.

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D’autres façons de promouvoir l’événement

Pour finir, le digital peut aussi permettre de promouvoir un événement sous une forme créative. C’est le cas lorsqu’on propose un documentaire ou un film le mettant en avant. Ainsi, un des épisodes du documentaire J’irai dormir chez vous était consacré au festival du Burning man qui a lieu chaque année dans le désert du Nevada. Le fait de diffuser cet événement peut donner envie au spectateur de s’y rendre. Du reste, grâce aux réseaux sociaux, il est également possible de toucher un grand public, notamment en invitant des influenceurs. En effet, ces derniers pourront filmer l’événement et le diffuser en ligne. Un territoire peut alors aussi « vivre » de manière dématérialisée et créative, bien au-delà des simples messages de communication pour le promouvoir sur les réseaux sociaux !

À propos de l'auteur

Rania El Argoubi

Rania El Argoubi

Ex-étudiante à l’ESTHUA – Angers

Etudiante en M2 Tourisme option management des entreprises et des organisations à L’ESTHUA, Rania El Argoubi a décidé de s’orienter vers un domaine qui lui tenait depuis toujours à cœur : le tourisme. Issu d’une famille typiquement marocaine, les valeurs comme le partage, l’hospitalité et la convivialité ont très tôt forgé sa personnalité. Ses études ont contribué à mettre en avant des capacités fondamentales dans la filière événementielle : le contact, anticiper les besoins, le service et offrir une expérience qui dépasse les attentes des visiteurs.

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