h

L’Événement comme levier de développement du territoire ?

Lisardo Lombardia

Lisardo Lombardia

Directeur général du Festival Interceltique aux Asturies

Sommaire

Lisardo Lombardia, Directeur du Festival Interceltique de Lorient, nous dévoile les coulisses de ce célèbre événement portant les valeurs communes aux cultures celtes : la convivialité, la fraternité et la diversité.

3 points à retenir

Pouvez-vous nous présenter votre parcours ?

Je suis originaire des Asturies, une région celtique située au nord-ouest de l’Espagne. Attiré depuis toujours par la culture asturienne, et en particulier la musique, je m’y suis rapidement consacré. En 1987 je crée la société d’édition FonoAstur et mène un travail intensif d’enregistrement et de diffusion musicale ; plus d’une centaine de disques seront produits. Grand connaisseur de la culture celtique, j’ai longtemps été le délégué du Festival Interceltique de Lorient aux Asturies et suis devenu son Directeur Général en 2007, poste que j’occupe toujours.

Les valeurs portées par le festival sont la diversité, la convivialité et la fraternité. Nous sommes très fiers de nos traditions et pensons que la différence de chacun est la richesse de tous

Pouvez-vous nous présenter le festival interceltique (histoire, valeurs, organisation) en quelques mots ?

Le festival est né en 1971 et prend le nom de Festival Interceltique des Cornes Muses en 1976. Ce n’est que deux ans plus tard, en 1978, qu’il devient plus simplement Le Festival Interceltique. Il touche toutes les formes de musiques issues des pays celtiques et a pour objectif de mettre en avant et de rassembler ces différentes cultures à travers des artistes venant d’Ecosse, d’Irlande, du Pays De Galle, etc. Les valeurs portées par le festival sont la diversité, la convivialité et la fraternité. Nous sommes très fiers de nos traditions et pensons que la différence de chacun est la richesse de tous.

En ce qui concerne l’organisation, quatorze personnes travaillent tout au long de l’année sur notre événement. A partir de juillet, nous accueillons une vingtaine de collaborateurs supplémentaires ainsi que des stagiaires. Mais le Festival Interceltique n’existerait pas sans ses bénévoles qui sont plusieurs centaines à prendre part à l’organisation. Au total, environ 1750 personnes travaillent pour nous en juillet et août. Enfin, nous nous autofinançons à hauteur de 72%, indépendance qui nous offre une large capacité de décision.

Quels sont vos axes de réflexion pour offrir chaque année une expérience totale aux visiteurs du fil ?  

Nous écoutons le public et prenons en compte ses attentes pour lui offrir le moment qu’il a envie de vivre. Nous mettons un point d’honneur à ce que le festival reste convivial, ce n’est pas une institution savante qui éclaire la société mais un moment d’échange et de partage de nos valeurs, nos cultures. Il a d’ailleurs été sélectionné, plusieurs années de suite, par les Festivals Awards comme meilleur festival urbain de France.

Les activités proposées sont très variées. Sur 10 jours, environ 120 spectacles sont menés (dont 60% sont gratuits) réunissant près de 4500 artistes. La mise en avant des cultures et traditions se fait donc à travers la musique, mais aussi dans les pavillons d’information qui permettent au public d’approfondir leur connaissances en géographie, art contemporain, cinéma, etc. et de découvrir d’autres façons de vivre lors des conférences, des expositions, des défilés ou encore des jeux sportifs !  Il y a donc une multiplicité de formats de rencontre et d’expérience cohérents entre eux.

Comment choisissez-vous les artistes qui viennent se produire ?

Dans un premier temps, nos délégués (correspondants basés dans différentes régions) nous font des propositions d’artistes, que je compare ensuite à ma propre prospection. Certains bénévoles passionnés peuvent également s’avérer être de bons conseils. La programmation du festival traduit nos valeurs et chaque concert doit avoir un sens. Nous accueillons 750 000 visiteurs par an, ce qui est énorme pour un territoire comme Lorient.

Le fil a-t-il vocation à servir de levier de développement au territoire, et si oui de quelle manière ?

Nous partons du territoire mais créons un échange à l’international

Le Festival Interceltique travaille en partenariat avec différents acteurs institutionnels ou privés comme la Région Bretagne, Lorient Agglomération ou la CCI Morbihan. Pour réunir ces partenaires et leur permettre d’échanger, nous avons imaginé le Club K, un réseau d’acteurs économiques et institutionnels. Nous partons du territoire mais créons un échange à l’international.

Nous sommes aussi engagés dans une politique de développement durable et solidaire et avons signé la « Charte des festivals engagés pour un développement durable et solidaire en Bretagne »en partenariat avec la Région Bretagne et l’ADEME (Agence de l’environnement et de la Maîtrise de l’Energie). Différentes actions sont ainsi mises en place en termes de prévention des risques liés à la fête, d’accessibilité aux personnes handicapées mais aussi d’écologie avec les gobelets réutilisables, les toilettes sèches, le tri des déchets, etc. Ces initiatives sont, une nouvelle fois, la preuve de notre engagement et de notre volonté à promouvoir les valeurs communes aux nations Celtes.

Que pensez-vous de l’expérience offerte par les salons, foires, congrès aux visiteurs ? Quels conseils donneriez-vous aux organisateurs ?

Selon moi, lorsqu’on parle d’expérience, on parle aussi d’animation d’une communauté et de co-construction avec elle. Pour cela, nous organisons par exemple des journées portes ouvertes qui permettent aux visiteurs de découvrir les coulisses du festival.

Pour intéresser le public et proposer un contenu pertinent, il faut donner du sens au salon en établissant un fil conducteur clair qui nous aidera à définir chaque action. Enfin, il faut s’ouvrir aux autres acteurs du territoire. Un événement culturel pourra par exemple s’inscrire dans une activité culturelle plus large en collaboration avec le territoire et ainsi participer à son développement. Il en est de même quel que soit l’événement.

À propos de l'auteur

Lisardo Lombardia

Lisardo Lombardia

Directeur général du Festival Interceltique aux Asturies

Fin connaisseur de la Bretagne et des pays celtiques, Lisardo est depuis 1985 délégué du Festival Interceltique aux Asturies et devient son directeur général en 2007. Pendant ces années, il oeuvre pour la consolidation professionnelle du FIL et la relance des liens avec les associations bretonnes. Défenseur de la valeur des cultures minoritaires et d’une vision cosmopolite de l’interceltisme, il a cherché à augmenter la place des pays celtes moins visibles au FIL et l’ouverture aux diasporas du monde celtique et leurs métissages novateurs, mais aussi à une visibilité renforcée de la langue et la culture bretonnes. Depuis 2009 il siège au Conseil Culturel de Bretagne.

Suivez-nous